Annexe D
Dessins


But des dessins

Couramment appelés « dessins d’exécution » ou « dessins de construction », les dessins font partie des documents du projet définitif et sont un moyen de communiquer, dans des formats standards, des informations en langage graphique en utilisant des lignes, des symboles graphiques, des représentations de CAO ou de modélisation des données du bâtiment (MDB) et des annotations écrites.

FIGURE 1 Structure des documents de construction

​​​​​La mise en œuvre généralisée de la MDB a entraîné un changement fondamental dans la signification du dessin. Depuis que l’architecture est reconnue comme profession et que l’on fait une distinction entre maître d’œuvre et concepteur, on a toujours défini les dessins comme étant une représentation du bâtiment. Le dessin captait l’intention conceptuelle. On s’attendait alors à ce que le constructeur interprète cette intention telle que décrite en utilisant le langage du dessin. L’adoption de la modélisation paramétrique à l’aide de la MDB et l’utilisation du même modèle par tous les professionnels de la conception et la main-d’œuvre de la construction ont entraîné une redéfinition du dessin en tant que modalité de communication. Le « modèle » est moins une représentation de l’intention conceptuelle et est devenu le bâtiment en miniature ou plutôt le bâtiment numérique miniature. Ce changement s’est traduit par des attentes accrues en matière de précision, de résolution et de visualisation pour l’équipe de conception.

Les informations graphiques sont traditionnellement représentées sous forme de vues en projection orthographique, telles que les plans d’étage, les élévations et les coupes verticales, à différentes échelles selon les besoins pour montrer la disposition générale des éléments et des composants du bâtiment, ou pour détailler des caractéristiques ou des éléments particuliers. Des vues en perspective, axonométriques et isométriques sont également parfois incluses pour mieux illustrer des arrangements complexes, ou des assemblages, le cas échéant, pour mieux décrire le concept. Les bâtiments sont de plus en plus souvent conçus et documentés sous forme de modèles tridimensionnels, en partie ou en totalité, à l’aide de logiciels de CAO ou de systèmes de modélisation des données du bâtiment (MDB), et à partir desquels on peut extraire des vues orthographiques et tridimensionnelles pour les inclure dans des jeux de documents de construction.

Dans les projets de rénovation des bâtiments, et plus particulièrement dans les projets de réhabilitation et de conservation de bâtiments patrimoniaux, les photographies annotées sont également utilisées comme un moyen efficace et pratique de représenter avec précision la portée et la nature des travaux. Ces types de représentation décrivent les relations entre les assemblages ou les systèmes de construction et illustrent les caractéristiques suivantes :

  • l’emplacement du bâtiment et les aménagements extérieurs par rapport à des références fixes;
  • l’emplacement spatial d’éléments en référence aux références fixes ou les uns par rapport aux autres;
  • le nom ou l’identification des espaces, des éléments ou des assemblages en référence à d’autres documents;
  • les dimensions et les cotes;
  • la forme;
  • l’intention conceptuelle et les exigences ou les spécifications de la portée des travaux;
  • les détails ou diagrammes de raccordements pour l’ensemble du bâtiment.

Lorsque des objectifs conceptuels le nécessitent, des détails d’architecture très personnalisés, inhabituels ou innovants seront mis en évidence dans les dessins comme étant de l’information graphique « prescriptive ». Le grand nombre de dessins de détails particuliers et les vues distinctes de ceux-ci représenteront une grande partie du temps et des efforts investis dans l’élaboration des documents de construction pour les architectes. Lorsque la réalisation de tels détails est considérée comme essentielle à l’atteinte de l’objectif du projet, il faudra également les élaborer dès le début et les raffiner au fur et à mesure de l’avancement des documents afin de faciliter la résolution en temps utile des questions soulevées par les solutions conceptuelles pour les éléments du bâtiment subordonnés des autres disciplines.

Lorsque les orientations techniques définies à la phase de l’esquisse d’un projet impliquent de travailler avec des composants, des assemblages ou des systèmes brevetés, conventionnels ou spécifiques aux normes de l’industrie, il est possible que les documents de construction fassent directement référence à la documentation source et ne contiennent pas d’informations graphiques ou écrites que les utilisateurs peuvent se procurer facilement auprès des organismes de normalisation ou des fabricants de composants brevetés. Ces caractéristiques, ainsi que toutes les informations pertinentes, peuvent être largement documentées par leurs sources de manière à pouvoir être facilement insérées directement dans les dessins ou les devis.

Généralement, les dessins de construction regroupent des informations clés répétitives sur des feuilles distinctes auxquelles il est fait référence dans d’autres dessins, par exemple :

  • des tableaux qui fournissent de l’information particulière sur divers éléments ou caractéristiques du bâtiment, tels que :   
    • portes et cadres, quincaillerie, en utilisant les numéros de porte indiqués sur les plans;
    • revêtements intérieurs des planchers, plafonds, murs, en utilisant les noms et les numéros de pièces indiqués sur les plans;
  • des représentations graphiques de composants ou d’assemblages « typiques » du bâtiment, tels que :
    • composition des murs extérieurs;
    • composition de la toiture;
    • composition des cloisons et des murs intérieurs;
    • assemblages plancher/plafond, y compris les matériaux de finition et les systèmes;
    • élévations des portes et cadres et détails d’insertion des cadres;
    • composition et élévation des cloisons intérieures vitrées;
  • indications de la composition, des matériaux, des exigences relatives aux dimensions, s’il y a lieu, des exigences de performance particulière, telles que :
    • propriétés thermiques des éléments de l’enveloppe du bâtiment;
    • degrés de résistance au feu des séparations verticales ou horizontales;
    • propriétés acoustiques des séparations verticales ou horizontales.

Dans les projets plus complexes ou de plus grande envergure, il est parfois plus efficace de placer ces informations dans un document distinct structuré à cette fin, ou directement dans le devis descriptif, en annexe aux sections appropriées.

Nombre de personnes ou d’organisations utilisent les dessins, aux fins les plus diverses. Les principaux utilisateurs sont l’architecte et les ingénieurs et autres consultants; l’entrepreneur et les sous-traitants; les fournisseurs; et les travailleurs individuels – les parties qui sont liées les unes aux autres pour la conception ou la construction d’un bâtiment. Parmi les autres utilisateurs, on trouve :

  • les autorités compétentes;
  • les institutions financières;
  • les locataires et les utilisateurs ultimes du bâtiment;
  • les gestionnaires d’immeubles et le personnel d’entretien;
  • d’autres professionnels de l’industrie de la construction.

Les dessins de construction servent :

  • aux soumissionnaires :
    • pour préparer les soumissions et obtenir des soumissions de leurs sous-traitants et fournisseurs;
    • en tant que documents contractuels contraignants à inclure au cahier des charges;
  • aux constructeurs, à l’entrepreneur général et aux entrepreneurs spécialisés, aux fabricants de systèmes et de produits pour :   
    • être orientés ou dirigés dans l’exécution des travaux;
    • se tenir informés afin de faciliter la planification et l’organisation efficace et efficiente des séquences du travail et des méthodes et procédures de contrôle de la qualité;
  • aux autorités compétentes; y compris les sociétés de services publics pour :
    • vérifier la conformité du projet à la réglementation existante;
    • se préparer à fournir les services publics nécessaires;
  • à l’architecte, aux ingénieurs et aux divers autres professionnels spécialisés pour :
    • échanger de l’information sur l’avancement du projet à des fins de coordination et d’harmonisation des dessins et des représentations graphiques dans toutes les disciplines;
    • obtenir de l’information sur les coûts des éléments et matériaux du bâtiment qu’ils prévoient d’utiliser;
    • communiquer au client les détails du projet, en vue d’obtenir son approbation;
    • préparer les estimations de coût;
    • leur permettre, comme instrument de contrôle, d’examiner les travaux au chantier et déterminer la conformité générale des travaux exécutés avec les objectifs conceptuels exprimés dans les documents du contrat de construction;
  • au client pour :
    • vérifier et confirmer la conformité à l’esquisse approuvée et aux exigences du projet énoncées;
    • les inclure au dossier de l’appel d’offres;
    • constituer la base de son contrat avec l’entrepreneur

Il est important que l’architecte garde aussi à l’esprit que certaines personnes font une distinction entre l’étendue et le niveau des détails requis par les entrepreneurs pour préparer leurs soumissions et ceux qui sont requis par l’entrepreneur retenu pour l’exécution des travaux de construction. Théoriquement, les exigences des deux contextes peuvent varier quant au contenu essentiel, conformément aux différents modes d’attribution du contrat de construction. Il faut toutefois être prudent et l’indiquer clairement si l’on se fie au fait que le contrat sera attribué selon un mode donné, car si le contrat qui devait être attribué à un soumissionnaire connu et choisi l’est plutôt en vertu d’un appel d’offres public, il faudra peut-être ajouter certains documents additionnels. Le contrat de l’architecte avec son client doit reconnaître une telle éventualité et prévoir que les services supplémentaires seront rémunérés en cas de changement au mode d’attribution du contrat convenu.

Les contrats de construction comportent normalement des dispositions qui permettent d’ajouter au dossier d’appel d’offres ou aux documents contractuels des suppléments d’information, généralement appelés instructions de chantier ou instructions supplémentaires. Ces suppléments peuvent être préparés et publiés pendant les travaux de construction et peuvent inclure des dessins ou des devis supplémentaires, en estimant qu’ils n’ont pas d’incidence sur le prix ou le délai d’exécution du contrat. Il peut aussi s’avérer nécessaire de produire des dessins supplémentaires pour clarifier des informations déjà fournies dans les documents de construction. Une fois distribués, ces instructions et dessins supplémentaires font généralement partie intégrante de l’ensemble des documents du contrat de construction, comme s’ils avaient fait partie du dossier d’appel d’offres.


Aperçu général d’un jeu de dessins de construction

Selon l’envergure et la complexité du projet, les plans d’architecture comprendront :


Normes de DAO

Le dessin assisté par ordinateur (DAO) et la modélisation des données du bâtiment (MDB) ont remplacé le dessin à la main comme principal moyen de production des dessins d’exécution. Dans un même bureau, les techniques de production peuvent varier, selon les ressources humaines et matérielles disponibles et la nature du projet. Certains clients exigent que les dessins soient préparés selon certains standards.

Les standards peuvent définir la taille et la police de caractère, les dimensions, les traits, les cotes et les hachures ou autres façons de représenter les matériaux. Ils proposent aussi diverses façons de créer des bordures, des cartouches, des symboles, des détails, etc.

Il est particulièrement important d’établir un système standard pour nommer les couches et leur donner des attributs, ce qui facilite la réalisation des dessins d’exécution et leur utilisation par les ingénieurs et autres participants. Certains clients veulent posséder une version électronique des dessins d’exécution (ou des dessins d’archives) pour la gestion future de leur bâtiment. En conséquence, l’architecte doit souvent utiliser le système de couches (ou autres standards relatifs aux dessins) de son client.

Certaines organisations, comme Services publics et approvisionnement Canada ou les grandes institutions des domaines de la santé et de l’éducation, ont leurs propres normes à cet égard. Il est important de les obtenir dès le début du projet.

Il est également important d’établir dès le début du projet les protocoles de création et de transmission des documents électroniques.

L’Uniform Drawing System (UDS) est un ensemble de lignes directrices qui comprend les modules suivants :

  • organisation du jeu de dessins (système de numérotation, ordre des dessins, etc.);
  • organisation de la feuille (numérotation des dessins, détails, feuilles d’organisation);
  • tableaux (forme, terminologie des entêtes, organisation);
  • conventions de dessin;
  • symboles;
  • termes et abréviations;
  • couches (voir la note ci-dessous sur l’UDS);
  • annotations.

Note : L’Uniform Drawing System™ a adopté les CAD Layer Guidelines de l’AIA qui ont été élaborées et publiées à l’origine par l’AIA.


Organisation des dessins

Pour produire les dessins d’exécution, il faut d’abord faire la liste des informations requises, ainsi qu’une liste préliminaire des dessins. Les dessins et autres documents du projet préliminaire peuvent servir à déterminer quels détails de construction il faudra dessiner.

La liste permet aussi à l’architecte du projet de déceler les éléments qui nécessitent plus de recherche ou plus d’information de la part du client ou des ingénieurs. Le format de tous les dessins, y compris ceux des ingénieurs, doit être cohérent.

La section sur l’aspect graphique des dessins porte sur les standards graphiques et les standards de présentation qui s’appliquent aux documents imprimés et qui sont généralement intégrés comme paramètres et réglages par défaut dans la configuration des outils de dessins numériques. Les architectes peuvent établir des paramètres par défaut en tant que configurations internes spéciales ou comme configurations exclusives.

Ces règles et standards peuvent également être régis par une pratique de formatage obligatoire imposée par les organisations clientes, comme c’est le cas pour certaines organisations immobilières, des établissements publics comme des universités ou des hôpitaux, les organismes gouvernementaux et paragouvernementaux ou des sociétés d’État. Les standards applicables peuvent être élaborés par l’organisation cliente ou définis par des organismes de normalisation reconnus. Ces normes et standards comprennent les éléments suivants :

Échelles
Dans le passé, il fallait déterminer et décider d’une échelle pour chaque dessin de construction. Aujourd’hui, certains outils de dessin numérique fonctionnent à partir de dimensions réelles, et la question de l’échelle ne se pose qu’au moment de tracer les dessins sur papier. D’autres outils fonctionnent à partir d’échelles définies sur les dessins numériques. Pour des raisons de lisibilité, l’échelle à laquelle les dessins seront tracés doit être déterminée en fonction des formats de feuille sélectionnés ainsi que du contenu graphique. On choisit l’échelle la plus petite dans laquelle les informations peuvent être clairement présentées. Les copies papier de format réduit pour la distribution doivent rester lisibles. En plus de l’échelle ou des échelles utilisées pour tous les dessins, une échelle graphique doit être indiquée sur ces documents, bien que cette information ne soit destinée qu’à des fins de commodité, car il est généralement précisé que les dimensions obtenues à partir des mesures d’échelle tirées des dessins sont non contraignantes à des fins contractuelles.

Liste des dessins, numérotation et formats
Chaque feuille des dessins d’exécution doit avoir un titre et un numéro. L’Uniform Drawing SystemTM propose un système normalisé, mais souple, concernant les cartouches et les numéros des dessins.

Pour les versions imprimées des dessins, on peut utiliser la gamme de formats ISO (voir le Tableau 1). Cette gamme offre des caractéristiques utiles lorsque les dessins doivent être reproduits à une échelle plus grande ou plus petite :

  • la superficie de chaque format est égale à la moitié du format précédent;
  • deux formats consécutifs quelconques ont le même rapport hauteur-largeur (les mêmes proportions).

TABLEAU 1 Dimensions des dessins de construction selon le format ISO

 

TABLEAU 2 Dimensions des documents de construction selon le format architectural

 

TABLEAU 3 Dimensions des documents de construction selon le format ANSI

Pour un supplément d’information sur les formats et les dimensions des feuilles de dessins, voir :

Les clients ont parfois leurs propres modèles pour la mise en page des feuilles de dessin et des cartouches pour diverses dimensions de feuilles et bien des firmes d’architecture ont créé leurs propres préférences à cet égard.

Cartouche
Le cartouche peut contenir les renseignements suivants :

  • le nom du projet et son adresse ou son emplacement;
  • le numéro du projet;
  • la date de la première émission et celle de chaque révision ultérieure;
  • le but dans lequel le dessin est émis;
  • le titre du dessin;
  • le numéro du dessin;
  • l’échelle;
  • les révisions (on indique pour chacune le numéro, la date, la description générale et les initiales de l’auteur);
  • le nom et les coordonnées de la firme d’architecture (dans plusieurs provinces, on doit indiquer le nom du titulaire du certificat d’exercice);
  • le nom ou les initiales de l’auteur ou du vérificateur du dessin;
  • un espace où apposer le sceau et la signature. (voir les règlements de l’ordre d’architectes provincial ou territorial concernant l’utilisation du sceau. Voir aussi, au chapitre 1.6 – Organisation de la profession au Canada, l’Annexe E, Tableau F : « Comparaison des exigences ou des directives provinciales et territoriales concernant l’utilisation du sceau ».)

Généralement, un dessin peut contenir (dans le cartouche ou ailleurs) les renseignements suivants :

  • la flèche Nord sur les vues en plan;
  • un plan repère, indiquant la relation des plans partiels avec le plan général, l’orientation, etc.;
  • le nom du fichier électronique;
  • les dates et inscriptions précisant dans quel but le dessin est émis (comme « Pour appel d’offres » ou « Non pour construction »);
  • un avis de droit d’auteur.

Voir l’Annexe A du présent chapitre pour un supplément d’information sur le droit d’auteur.

Voir aussi la section 5.2 – « Inscriptions aux dessins » du chapitre 6.8 – Formulaires normalisés pour la gestion du projet.

Selon le type de projet, les modalités contractuelles avec les ingénieurs et autres conseils et les exigences de l’assureur de la responsabilité professionnelle, le cartouche peut indiquer le nom, l’adresse et les numéros de téléphone et de télécopieur des ingénieurs et autres consultants. L’architecte doit aussi s’informer des exigences de son ordre professionnel provincial ou territorial.

Notes, symboles et cotes
Les notes, symboles, abréviations, cotes et références aux autres dessins doivent être exprimés de façon similaire dans tous les dessins, selon des conventions reconnues.

Les notes sur les dessins doivent se limiter au minimum nécessaire à la compréhension des intentions de l’architecte (les références aux normes et les instructions concernant l’exécution des travaux apparaissent dans le devis descriptif et pas dans les dessins). On utilise des symboles normalisés pour indiquer sur les plans les axes structuraux ainsi que les références aux élévations, coupes, détails et plans partiels. Les élévations font généralement référence aux coupes, aux fenêtres et aux détails. Les coupes transversales et les coupes de murs font généralement référence aux détails. Comme principe général, les notes et les cotes doivent être placées à l’endroit le plus important dans les documents et ne doivent pas être répétées ailleurs afin de réduire les risques de divergences ou de contradictions lorsque des informations sont déjà transmises sur d’autres dessins ou dans les devis.

Si un matériau est identifié sur les dessins par un symbole généralement accepté, un symbole défini ou un nom générique, aucune autre note descriptive n’est nécessaire. Trop de notes obscurcissent les dessins, augmentent le temps de recherche d’informations et favorisent les incohérences et les dédoublements. Les éléments répétitifs tels que les portes, les fenêtres et les finitions intérieures ne doivent fournir qu’une référence pour identifier le matériau ou les composants.

Les dessins n’identifient un matériau ou un produit que par un nom générique et illustrent sa forme, ses dimensions et son emplacement approximatifs.

Les plans indiquent la longueur et la largeur des bâtiments ainsi que la largeur et l’épaisseur des murs, tandis que les élévations et les coupes verticales indiquent la hauteur. Les dessins doivent comprendre tous les plans, élévations, coupes et détails de conception spécifiques au projet nécessaires pour documenter pleinement les exigences des travaux à exécuter.

Les dimensions font partie des données sur les éléments ou systèmes du bâtiment examinés pendant le développement de solutions conceptuelles détaillées. Dans la dernière édition des documents de construction, seules les données suffisantes et nécessaires pour indiquer aux entrepreneurs les endroits où positionner correctement les éléments les uns par rapport aux autres et/ou les points de référence géodésique doivent apparaître. Cette règle a pour but d’éviter toute confusion ou donnée contradictoire dans le jeu des dessins, en particulier entre les dessins à grande et à petite échelle.

La façon de coter doit correspondre à la séquence de la construction, en commençant par les points et les lignes de référence du relevé d’arpentage. Toutes les cotes doivent de préférence être indiquées par rapport à un point ou une ligne de référence unique établis par la séquence logique de ceux qui sont « intégrés » en premier. Lorsque les critères critiques pour le positionnement des éléments les uns par rapport aux autres ne sont pas une valeur fixe et linéaire, mais qu’ils sont plutôt conditionnés par les dimensions réelles de l’ouvrage, comme un espacement ou un espacement centre à centre régulier, ce sont les données qui doivent être transmises par des lignes de cote plutôt que des valeurs numériques exactes qui ne sont pas en elles-mêmes essentielles pour matérialiser les intentions conceptuelles.

Si l’addition d’une suite de cotes doit donner une dimension donnée, il peut être nécessaire d’attribuer à l’une d’elles une valeur approximative, ou encore d’omettre l’une des moins importantes.

Voir la « Liste de contrôle : Vérification interne des dessins » des annexes F à I à la fin du présent chapitre pour une liste détaillée des renseignements qu’il est recommandé d’inclure à tous les plans et dessins.

Coordination des dessins
L’architecte du projet a besoin de connaître avec précision le degré d’avancement des dessins. À cette fin, il peut, à des intervalles appropriés à la complexité du projet :

  • tenir des réunions internes et externes de coordination;
  • procéder à un examen et à une révision des dessins en cours d’élaboration.

Il est particulièrement important de prévoir la tenue régulière de rencontres et l’échange continu d’informations avec les ingénieurs. Généralement, l’architecte du projet note et documente avec soin :

  • les décisions prises;
  • les modifications proposées;
  • les nouvelles exigences de l’équipe de conception.

L’architecte doit également coordonner les dessins avec les devis. Les termes de base utilisés, notamment, doivent être les mêmes, pour éviter les ambiguïtés et réduire les risques de différends pendant l’exécution des travaux.

Enfin, il doit coordonner le matériel fourni par le client. Les changements au programme ou les modifications aux plans déjà dessinés apportés par le client peuvent être particulièrement lourds de conséquences à cette phase du projet et l’architecte doit être rémunéré en conséquence. Si l’architecte a le mandat de gérer et de coordonner le travail des ingénieurs et autres consultants, il doit veiller à ce que toute modification confirmée soit :

  • communiquée aux ingénieurs et aux autres consultants;
  • incorporée aux dessins d’exécution et autres documents de construction.

Listes de contrôle
Les listes de contrôle qui décrivent la portée et les méthodes de planification, de production et de coordination d’un jeu complet de documents de construction sont des outils puissants.

Selon l’ampleur et la complexité du projet, l’architecte peut suivre les procédures de contrôle suivantes :

  • procéder à des examens intermédiaires et à un examen final avant d’achever les dessins de construction en se penchant sur les questions de qualité tant sur la forme que sur le fond;
  • conformément à la planification de la séquence du développement du projet définitif, procéder à des examens intermédiaires et à un examen final de la faisabilité technique sur place et/ou à la constructibilité physique des détails, des assemblages et des opérations connexes sur place et des méthodes de construction; cet examen pourra nécessiter la collaboration des ingénieurs civils et des ingénieurs en structure et en mécanique ou d’autres spécialistes qui participent au projet;
  • s’assurer que le client procède à son propre examen des dessins et du devis descriptif;
  • demander à un architecte d’expérience de la firme, non associé au projet, de vérifier les dessins et devis quant :
    • à la cohérence avec les documents du dossier préliminaire approuvés par le client;
    • aux erreurs et omissions;
    • à la conformité avec les normes graphiques et l’exactitude et l’exhaustivité des références croisées;
  • demander à des personnes différentes d’effectuer des révisions partielles (par exemple, les cotes, les détails, les annotations et les sections de devis connexes);
  • vérifier deux fois toutes les cotes;
  • lorsque le devis descriptif est préparé par un spécialiste dûment affecté à cette tâche, veiller à ce que le rédacteur procède à un examen final des dessins de construction.

Modifications aux dessins
Au fur et à mesure de l’examen, de l’avancement et de la coordination des détails de construction avec les détails et devis des ingénieurs et autres consultants, il peut se révéler nécessaire de modifier certains éléments de conception.

Pour assurer une bonne coordination, l’architecte de projet peut :

  • obtenir du client les précisions relatives aux besoins techniques particuliers du projet (l’équipement médical, par exemple);
  • l’informer des modifications importantes qui ont été apportées et, si nécessaire et si possible, lui proposer des solutions de rechange;
  • le sensibiliser à l’importance de prendre des décisions et de donner des approbations avec célérité.

Il doit également informer les ingénieurs de toute modification.

Pour identifier les révisions, les modifications apportées à des dessins ou à des parties de plus grands dessins doivent être mises en évidence graphiquement. À chaque révision des dessins, le cartouche doit indiquer la date, la raison de la révision et la nature des modifications. Pendant la préparation des dessins, les dessins circulés à des fins de coordination doivent indiquer clairement les révisions successives dont les numéros se suivent et sont clairement visibles et reconnaissables (d’une manière similaire à la méthode de la ligne rouge utilisée pour le texte) afin de faciliter la révision. Une copie de la version finale de chaque dessin dont le cartouche montre tout l’historique des révisions doit être conservée à titre de référence. L’historique des révisions ne doit être visible que par le client et les consultants collaborateurs, et doit être entièrement retiré des dessins publiés comme documents d’appel d’offres.

Les dessins émis pour la construction doivent quant à eux indiquer uniquement l’historique des révisions apportées par addenda pendant la phase de l’appel d’offres et après l’attribution du contrat de construction.


Dessins des ingénieurs

Dessins de structure
Au cours des phases antérieures du projet, l’architecte et l’ingénieur en structure ont déterminé le type d’ossature du bâtiment. À la phase du projet définitif, l’ingénieur prépare :

  • le calcul détaillé de tous les éléments structuraux;
  • les plans et les détails;
  • les sections pertinentes du devis descriptif (appartenant habituellement aux divisions 03, 05 et 06);
  • une estimation finale du coût de construction de la structure.

Dessins de mécanique et d’électricité
Selon la nature du projet, les dessins de mécanique portent sur le chauffage, la ventilation et le conditionnement de l’air (CVCA); la plomberie et l’évacuation des eaux usées; et les travaux de certains métiers spécialisés (comme l’installation des gicleurs ou de la tuyauterie de gaz).

L’ingénieur en mécanique prépare habituellement un ensemble distinct de dessins pour chaque spécialité.

À la phase du projet définitif, les ingénieurs en mécanique et électricité doivent préparer :

  • des calculs détaillés;
  • des plans, des détails et des diagrammes;
  • les sections de mécanique et d’électricité du devis descriptif (Divisions 21 à 29 inclusivement);
  • une estimation finale du coût de construction des composants mécaniques et électriques du projet.

Coordination des dessins des ingénieurs
Si l’architecte a le mandat de gérer et de coordonner l’équipe de conception, l’une de ses tâches les plus importantes à la phase du projet définitif est de coordonner les dessins des ingénieurs (et autres consultants s’il y a lieu). Il ne faut pas confondre la coordination avec la conception et la documentation du contenu technique des dessins des ingénieurs, qui relèvent des ingénieurs du projet. L’architecte s’assurera toutefois que toute information pertinente figure sur le dessin approprié et que le projet préparé par l’ingénieur d’une discipline donnée comprend bien les travaux nécessaires pour assurer la compatibilité avec les dessins des autres ingénieurs. Par exemple, il est important que les problèmes dus à l’interférence des gaines de ventilation, des appareils d’éclairage ou de la tuyauterie avec les éléments de la structure soient résolus.

L’architecte réduira les problèmes de coordination s’il partage le plus tôt possible toute l’information nécessaire avec les ingénieurs.

La tenue de réunions de coordination régulières est également nécessaire à la circulation continue de l’information et à la résolution commune des problèmes de coordination. Plus ces réunions se tiennent tôt au cours de la production des dessins, plus il est facile pour chaque professionnel d’intégrer les idées et les révisions des autres membres de l’équipe de professionnels.

Toute modification apportée à la conception doit être immédiatement communiquée à tous les ingénieurs en expliquant la raison qui la justifie. Il peut s’avérer utile d’utiliser une liste de contrôle de la séquence prévue du projet définitif en mettant en évidence les éléments pour lesquels une coordination est d’une importance cruciale et en précisant à quelle étape de l’avancement des dessins pour chaque discipline concernée.

Si des modifications substantielles aux dessins dans l’une des disciplines d’ingénierie s’avèrent nécessaires pour s’adapter aux dessins d’architecture ou d’autres disciplines qui sont plus importants pour le projet, l’architecte, en tant que professionnel coordonnateur, doit intervenir pour orienter les révisions à apporter à telle ou telle discipline et à tel ou tel élément de conception. Lorsque, après coordination, l’architecte envisage de demander des révisions ou des modifications importantes aux dessins d’un ingénieur ou d’un autre consultant spécialisé, il convient de tenir compte, en consultation avec les professionnels concernés, des éléments suivants :

  • l’incidence sur le travail des autres ingénieurs ou consultants;
  • l’impact sur les approbations des phases antérieures du projet précédemment délivrées par le client dans toutes les disciplines;
  • l’impact, le cas échéant, sur l’intégrité des résultats approuvés et attendus par le client en ce qui concerne le concept architectural et la conception;
  • l’impact, le cas échéant, sur le calendrier des étapes de l’élaboration des documents de construction et/ou sur les coûts des services au client;
  • l’impact potentiel sur les objectifs du projet tels que les coûts et/ou les calendriers de construction prévus ou planifiés, ainsi que la qualité de construction attendue ou requise et la faisabilité de l’exécution des travaux par les métiers de la construction;
  • l’étendue et la profondeur de l’examen des solutions conceptuelles de rechange par les professionnels concernés en collaboration avec l’architecte, le cas échéant.

On ne saurait trop insister sur l’importance d’une coordination interdisciplinaire effectuée consciencieusement et efficacement en temps opportun tout au long de la phase du projet définitif. Bien que la notion d’efficacité de la coordination pendant la phase de construction varie considérablement selon les caractéristiques des projets, notamment la nature et la portée; le niveau inhérent de complexité technique ou programmatique; et les conditions fixées par les modes de réalisation du projet ou d’attribution du contrat de construction, il n’en reste pas moins que tous les participants au projet ne peuvent que bénéficier de processus de coordination qui minimisent ou éliminent les risques de modification du travail découlant des lacunes de la coordination. Cela est d’autant plus important que le fait d’y remédier pendant la phase de construction peut nécessiter beaucoup plus de temps et d’efforts, et peut entraîner une augmentation significative des coûts ou un retard important dans le calendrier d’exécution du contrat, et donc des risques accrus de poursuite en responsabilité professionnelle.