Introduction
À la phase du projet préliminaire, l’esquisse préparée à la phase précédente fait l’objet de raffinements et de développements. Voir le chapitre 6.2 – Esquisse du projet pour de l’information sur cette phase initiale de la conception. Alors que l’esquisse décrit généralement « ce qui » est construit, le projet préliminaire, en développant ses caractéristiques de conception, détermine « comment » le bâtiment sera construit et comment il fonctionnera.
La modélisation des données du bâtiment (MDB), ainsi que le processus de conception intégrée (PCI) et la réalisation de projet intégrée (RPI), du fait qu’ils requièrent des analyses techniques détaillées, ont modifié la répartition de l’effort et la portée des livrables aux premières phases d’un projet de conception. La MDB et la conformité au code de l’énergie obligent souvent à effectuer à l’étape de l’esquisse des tâches autrefois effectuées à la phase du projet préliminaire. Le travail de conception devient donc plus intense en amont. Les décisions conceptuelles doivent être prises plus rapidement et une redistribution de l’effort et des honoraires correspondants entraîne un supplément de travail aux phases de l’esquisse et du projet préliminaire et donc moins de travail à la phase de la production des documents du projet définitif. Le projet préliminaire correspond généralement à l’obtention des approbations de planification des autorités compétentes, alors que les documents scellés du projet définitif, ou une portion d’entre eux, sont requis pour l’obtention des permis de construire.
Il est parfois difficile de distinguer la fin de la phase de l’esquisse et le début de celle du projet préliminaire et plus difficile encore lorsque l’équipe utilise la MDB. Certains architectes et la plupart des ingénieurs combinent d’ailleurs ces deux phases initiales en une seule. Bien que la confusion des phases puisse refléter le processus de conception réel qui se déroule au sein d’un bureau, l’architecte doit gérer l’engagement du client et des parties prenantes selon des schémas de travail, d’évaluation, de prise de décisions et de travail additionnel. Pour favoriser une relation client-architecte professionnelle, les firmes doivent élaborer un énoncé des travaux pour chaque phase d’un projet qui définit clairement les livrables et la façon de les valider. C’est une bonne stratégie que d’obtenir l’approbation du concept par le client avant d’aller de l’avant avec un projet plus détaillé.
Le terme « design » a différentes significations selon le contexte de l’utilisation et selon la personne qui l’utilise. Les ingénieurs et certains clients parlent souvent de « design » pour nommer aussi bien le projet préliminaire que le projet définitif. Pour les architectes, ce terme renvoie au travail professionnel associé aux représentations graphiques ou en 3-D du projet de bâtiment. Il est important qu’architectes et ingénieurs comprennent chaque phase de la même façon et aient la même vision des documents à produire à chacune de ces phases.
Une fois le projet préliminaire terminé et accepté par le client, l’architecte pourra passer à la phase suivante, celle du projet définitif qui est décrite au chapitre 6.4 – Documents du projet définitif – dessins et devis.
Le présent chapitre décrit brièvement les services de l’architecte pendant la phase du projet préliminaire.
Tâches de la phase du projet préliminaire
Les diverses annexes sur les services de l’architecte et les responsabilités du client qui accompagnent la Formule canadienne normalisée de contrat pour les services de l’architecte, Document Six de l’IRAC décrivent certaines des responsabilités de l’architecte à la phase du projet préliminaire et notamment :
- la préparation et la coordination de tous les documents du projet préliminaire, en architecture, en structure, en mécanique et en électricité;
- la préparation du devis sommaire;
- la réalisation de modélisations et de simulations préliminaires (comme l’analyse énergétique et la simulation de l’éclairage naturel), si elles font partie des services de l’architecte;
- l’élaboration de scénarios d’exécution des travaux par étapes et d’occupation, si inclus aux services de l’architecte;
- l’élaboration d’une stratégie de conformité à la réglementation, y compris des examens avec les autorités compétentes pour tester les hypothèses de la phase de l’esquisse et apporter les modifications nécessaires s’il y a lieu;
- la préparation des documents de présentation (dessins, modèles, rendus informatisés, etc.), stipulés dans le contrat;
- la mise à jour de l’estimation du coût de construction;
- la mise à jour des calendriers du projet, y compris un calendrier sommaire pour la phase de la construction.
Pendant la phase du projet préliminaire, il est important de résoudre toutes les questions de conception relatives aux principaux composants du projet et aux espaces nécessaires pour les systèmes mécaniques et électriques. À ce stade, les apports et la collaboration des ingénieurs sont essentiels à la réussite. Les activités de coordination ne commencent pas à la fin de l’élaboration des documents définitifs. Elles doivent se dérouler tout au long du processus d’élaboration des documents. Un projet qui a fait l’objet d’une conception bien intégrée risque moins de subir des retards et d’entraîner des problèmes de coordination au cours de la phase du projet définitif. Les révisions majeures à une phase ultérieure sont toujours coûteuses pour le client, l’architecte et les ingénieurs; de plus, elles peuvent entraîner des compromis touchant le concept du projet.
Au cours de cette phase, le client a les responsabilités suivantes :
- examiner le projet et faire des commentaires;
- approuver le projet par écrit et autoriser le passage au projet définitif.
Un des rôles de l’architecte à phase du projet préliminaire consiste à faire des recherches sur divers matériaux de construction, produits, systèmes et produits manufacturés susceptibles d’être incorporés dans le futur bâtiment. Parfois, le programme fonctionnel énonce des exigences relatives à la durabilité et à l’entretien de certains revêtements de finition, meubles et équipements. À la phase du projet préliminaire, l’architecte évalue le besoin d’entretien et la durabilité de divers matériaux, de même que leur coût et leur performance, pour déterminer s’ils sont conformes aux besoins du client, tels qu’énoncés aux phases précédentes des études préconceptuelles et de l’esquisse.
Avant de faire une recommandation finale à son client, l’architecte doit s’assurer des caractéristiques suivantes :
- disponibilité du produit ou du système auprès du fabricant ou du fournisseur et types de garanties existantes;
- disponibilité de fiches techniques, d’échantillons et d’une documentation sur le produit;
- critères de performance (y compris la durabilité, l’adéquation par rapport à l’utilisation prévue et la compatibilité avec les autres matériaux);
- besoins d’entretien;
- caractéristiques physiques, disponibilité des couleurs, finis, textures, etc.;
- exigences en matière de fabrication ou de mise en place;
- coût initial;
- prévisions du coût d’exploitation;
- exécution des travaux par étapes et incidences sur le calendrier;
- performances passées;
- comparaison avec des produits similaires;
- exigences et produits pour répondre à des besoins particuliers d’accessibilité ou de durabilité du bâtiment.
Services des ingénieurs à la phase du projet préliminaire
Comme on l’a déjà mentionné, la coordination continue de l’apport des diverses disciplines de l’ingénierie au projet préliminaire est une condition essentielle de la réussite du projet. La collaboration avec les ingénieurs commencée à la phase de l’esquisse doit se poursuivre de façon plus intensive pendant celle du projet préliminaire.
Structure
À la phase de l’esquisse, l’ingénieur en structure prépare diverses solutions structurales comportant des éléments de base comme les travées types, leur espacement et leur coût. Il peut analyser des systèmes d’ossature en acier, en béton ou en bois. Comme les prix ou les facilités d’approvisionnement ont peut-être changé depuis les phases antérieures, il faudra peut-être revoir certaines décisions. À ce stade, on choisit généralement un système économique et fonctionnel qui offre une travée appropriée. Toutefois, l’architecte et l’ingénieur doivent également tenir compte d’un certain nombre d’autres questions, comme la disponibilité du matériau et l’apparence du système. Cette décision est fréquemment dictée par des considérations fonctionnelles ou esthétiques.
Avant le début du projet préliminaire, l’architecte doit fournir à l’ingénieur en structure les informations suivantes :
- un rapport sur les caractéristiques du sol (généralement préparé au stade de l’esquisse et fourni par le client, mais qui peut nécessiter des analyses plus poussées sur la base de la forme et de l’emplacement finaux du bâtiment);
- l’esquisse approuvée et tous les rapports qui l’accompagnaient;
- les restrictions connues affectant l’emplacement des colonnes ou autres appuis structuraux;
- les espaces définis, ainsi que leur usage, leurs dimensions et les types de revêtements;
- les résultats de l’analyse préliminaire des codes, notamment en matière de séparations coupe-feu et de degrés de résistance au feu;
- les dimensions et l’emplacement des ouvertures;
- les matériaux de construction;
- une confirmation du mode de réalisation du projet et du calendrier projeté qui ont été déterminés par le client à la phase de l’esquisse.
Les questions suivantes, notamment, doivent être résolues avec l’ingénieur en structure et les membres de l’équipe de conception, dans le cadre d’un processus de conception intégrée :
- la travée type, y compris les dimensions types des poutres et des colonnes;
- la hauteur maximale des poutres et, d’une façon générale, toutes les dimensions critiques des éléments structuraux;
- les dimensions et l’emplacement des ouvertures à pratiquer dans les éléments structuraux pour le passage des éléments relevant des autres disciplines;
- la hauteur minimale des pièces jusqu’à la face inférieure de la structure et toutes les hauteurs de plancher à plancher;
- l’énumération des éléments à incorporer dans la structure;
- les exigences concernant les degrés de résistance au feu et les séparations coupe-feu;
- les considérations sismiques et les considérations relatives à la charge au vent locale;
- la détermination d’infiltration potentielle de radon sous la dalle;
- les dispositions relatives à des équipements spéciaux ou à des équipements mécaniques tels que l’équipement de lavage des fenêtres, les appareils de mécanique installés sur le toit, les quais à autonivellement, les cheminées, les dépressions dans la dalle, les ancrages antichute, les charges de la neige, etc.
Mécanique
Les exigences du client concernant l’exploitation et l’entretien (par exemple, les règlements relatifs aux mécaniciens de machines fixes), et les systèmes de secours ou à double équipement, seront, normalement, déjà énoncées dans le programme fonctionnel. Dans le cas contraire, l’architecte doit aider l’ingénieur à déterminer les besoins du client et veiller à ce que l’ingénieur en tienne compte.
Pour entreprendre sa partie du projet préliminaire, l’ingénieur en mécanique a besoin de divers renseignements, y compris :
- l’esquisse approuvée;
- les prévisions de coût d’exploitation, en particulier, l’analyse de la consommation d’énergie et les analyses comparatives;
- le type de vitrage et le type de couvre-fenêtres, ainsi que leurs caractéristiques énergétiques;
- les heures d’utilisation du bâtiment;
- la fluctuation admissible de la température et de l’humidité relative dans les divers locaux;
- les zones qui requièrent un traitement spécial en matière de climatisation, de protection incendie, de plomberie, de réduction du bruit;
- les résultats d’une analyse préliminaire des codes, notamment en matière de classement du bâtiment et de séparations coupe-feu;
- les exigences relatives aux commandes des systèmes mécaniques et aux commandes spéciales et à la gestion de l’énergie;
- l’analyse de paramètres spéciaux sur la qualité de l’eau et l’équipement spécial d’évacuation des eaux usées;
- les systèmes d’arrosage des pelouses ou des toits verts et autres systèmes spéciaux.
L’architecte ou le client peuvent fournir une partie de ces informations; l’ingénieur en mécanique doit s’adresser directement aux autorités appropriées pour obtenir les autres renseignements dont il a besoin.
Au cours de cette phase, l’ingénieur en mécanique fait les choix et règle les questions qui suivent :
- ventilation naturelle;
- système central par rapport à postes individuels de chauffage et de refroidissement;
- capacité de l’équipement de conditionnement de l’air;
- capacité du système de chauffage;
- systèmes spéciaux de chauffage, ventilation et conditionnement de l’air (CVCA) tels que systèmes à récupération de chaleur ou thermopompes;
- analyse et modélisation énergétiques, si elles font partie des services professionnels convenus;
- dimensions et emplacement approximatifs des principaux conduits et gaines;
- taille approximative de tout l’équipement mécanique et superficie ou volumes des locaux techniques pour les accueillir;
- appareils sanitaires et commandes;
- autres caractéristiques, telles que la réduction du bruit, les registres antivibrations, les registres coupe-feu et les commandes spéciales;
- l’emplacement, la géométrie et les dimensions des principales salles mécaniques et des espaces auxiliaires ou de soutien;
- l’emplacement, le parcours et les dimensions approximatives de tous les principaux puits verticaux et conduits horizontaux pour la plomberie, la protection contre l’incendie et le CVCA (séparément ou en combinaison);
- la coordination avec l’ingénieur en électricité et l’ingénieur en plomberie pour déterminer les endroits où les tuyaux, le câblage, les conduits, les têtes de gicleurs, etc. pourraient interférer;
- l’identification des problèmes potentiels de constructibilité, tels que l’emplacement des grues pour l’installation de grands éléments mécaniques;
- l’examen de la capacité des services sanitaires existants maintenant qu’il est possible de prévoir le nombre d’appareils et la consommation d’eau;
- la coordination avec l’ingénieur en électricité pour localiser et quantifier tout besoin d’énergie exceptionnel de l’équipement mécanique proposé;
- la détection des interférences de haut niveau;
- l’emplacement, le parcours et les dimensions approximatives de tous les principaux puits verticaux et conduits horizontaux pour la plomberie, la protection contre l’incendie et le CVCA (séparément ou en combinaison).
Comme les exigences en matière de performance des bâtiments se sont considérablement accrues, la modélisation énergétique est devenue un ajout courant à la portée du travail de conception. En plus d’exécuter un ensemble de dessins préliminaires, l’ingénieur en mécanique ou le spécialiste en énergie peut établir des projections sur le coût énergétique du bâtiment proposé. Cette information est basée sur les estimations préparées à la phase des études préconceptuelles et devrait fournir les coûts de fonctionnement de l’équipement mécanique pour divers choix de matériaux et d’enveloppes du bâtiment. Lorsque l’équipe travaille selon le processus de conception intégrée (PCI), l’architecte agit comme chef d’équipe. Dans tous les cas, l’architecte coordonne les activités des ingénieurs pour s’assurer que le projet évolue en collaboration et que les responsables de chaque discipline sont conscients du travail des autres membres de l’équipe et agissent en conséquence. Le partage du modèle du bâtiment entre tous les membres de l’équipe et les capacités de partage de fichiers favorisent la coordination, facilitent l’intégration et réduisent le travail en cloisonnement et en isolation.
Électricité
Pour entreprendre sa partie du projet préliminaire, l’ingénieur en électricité a besoin des informations suivantes :
- l’esquisse retenue et les rapports qui l’accompagnent;
- l’information sur les espaces types, y compris la fonction de chacun, ses dimensions, ses revêtements et matériaux, ses niveaux d’éclairage;
- les besoins relatifs à l’agrandissement futur et au réaménagement de chaque espace;
- l’emplacement et la consommation d’énergie des principaux équipements mécaniques;
- le mode de réalisation du projet de construction et l’échéancier projeté.
Au cours de cette phase, l’ingénieur en électricité règle les questions suivantes reliées aux systèmes électriques :
- la charge électrique prévue et les possibilités d’expansion futures;
- les besoins des services électriques entrants et les besoins d’espaces pour une chambre forte ou une sous-station;
- la distribution du courant et les tensions d’alimentation;
- l’emplacement et la superficie ou le volume des armoires électriques, des locaux des communications, des barres sous gaines;
- les exigences concernant l’encastrement des conduits;
- l’emplacement et les dimensions préliminaires des principales infrastructures de câblage structuré verticales et horizontales;
- la sélection des appareils d’éclairage (pour l’extérieur et l’intérieur) et les exigences concernant les systèmes de plafond et les vides de plafond;
- la coordination des interrupteurs et des commandes mécaniques à des fins d’efficacité énergétique;
- les systèmes de télécommunication, de données, d’alarme incendie, de sonorisation, d’interphone, de sécurité.
Pour ce qui est de la conception de l’éclairage, l’architecte, en collaboration avec l’ingénieur en électricité ou un spécialiste de l’éclairage, établit des schémas de disposition des appareils, souvent dessinés en utilisant les plans des plafonds réfléchis. Il est important d’examiner attentivement les types d’éclairage, car ils ont des incidences sur la consommation d’énergie, le remplacement et les coûts opérationnels à long terme.
Services municipaux et systèmes sur le site
Pour préparer les documents de la phase préliminaire, l’ingénieur civil ou l’ingénieur de services sur le terrain a besoin des informations suivantes :
- le rapport d’analyse des sols ou le rapport géotechnique (généralement préparé à la phase des études préconceptuelles et fourni par le client, mais qui peut nécessiter une analyse plus poussée en fonction de la forme finale et de l’emplacement du bâtiment);
- l’esquisse retenue et les rapports qui l’accompagnent;
- le nombre d’occupants;
- la capacité des services municipaux fournis sur le site :
- l’alimentation électrique disponible;
- l’eau potable à l’usage des occupants, des systèmes du bâtiment et de l’extinction des incendies;
- les systèmes d’évacuation des eaux pluviales;
- les égouts sanitaires;
- les projets de construction municipaux prévus pour les propriétés adjacentes, y compris les routes et les trottoirs;
- l’emplacement des services non municipaux tels que les lignes téléphoniques et de services de données;
- les caractéristiques du sol pour la percolation des eaux pluviales;
- les levés topographiques et juridiques;
- l’emplacement des services souterrains;
- les restrictions connues concernant les marges de recul, la gestion des eaux pluviales et les corridors de services publics;
- les stratégies de conception durable et régénératrice.
À la phase du projet préliminaire, l’ingénieur civil résout les questions de conception reliées aux systèmes de services sur le terrain :
- l’emplacement des services souterrains connectés aux services municipaux;
- les exigences de mise à niveau des services municipaux pour résoudre les problèmes de capacité;
- la stratégie de nivellement approximatif du terrain et de gestion des eaux de surface;
- la distribution d’électricité (en collaboration avec l’ingénieur en électricité);
- la circulation des véhicules, des piétons et des cyclistes à l’intérieur et autour du terrain (en collaboration avec l’architecte et l’architecte paysagiste).
Architecture du paysage
Les architectes paysagistes intègrent et appliquent des connaissances de l’écologie, des facteurs socioculturels, de l’économie et de l’esthétique pour créer des environnements extérieurs (et parfois intérieurs) qui sont fonctionnels, innovants, appropriés et attrayants. Ce travail s’harmonise au concept de l’architecte et sert à compléter et à renforcer la solution architecturale globale.
À la phase de l’esquisse, alors que la portée du travail de l’architecte comprend la conception des espaces verts qui entourent le ou les bâtiments, l’architecte paysagiste fournit des réflexions conceptuelles sur les aspects d’aménagements vivants et inertes, y compris la conception du paysage, la planification de l’emplacement, la gestion des eaux pluviales, le contrôle de l’érosion et la restauration de l’environnement. Les plans conceptuels d’aménagement paysager sont parfois (mais pas toujours) préparés dans le cadre de la présentation de l’esquisse au client.
Pour préparer les documents de la phase préliminaire, l’architecte paysagiste a besoin des renseignements suivants :
- l’esquisse retenue pour le ou les bâtiments et l’emplacement;
- un exposé complet sur le parti architectural du ou des bâtiments et les réflexions de l’architecte sur les objectifs opérationnels et esthétiques globaux du projet;
- l’emplacement des services publics en surface et souterrains;
- les points d’accès pour les piétons et les véhicules dans le ou les bâtiments y compris les entrées principales et secondaires, les sorties de secours, les quais de chargement, les baies de services, les exigences en matière de circulation et de stationnement des véhicules, et d’autres informations sur la circulation sur le terrain qui sont essentielles au fonctionnement du projet;
- les cônes de visualisation, les besoins en matière de protection de la vie privée et d’autres informations concernant l’impact visuel à partir des espaces intérieurs et des positions extérieures en regardant vers le ou les bâtiments;
- les exigences programmatiques pour les éléments de design urbain tels que les supports à vélos, les bancs, les espaces de rassemblement, etc.;
- les éléments spécialisés tels que les sculptures, les monuments, les belvédères, les écrans, les murs décoratifs, etc.;
- les exigences relatives à l’éclairage du site;
- les autres exigences de programmes ou d’aménagement du site demandées par le client ou requises par les autorités compétentes.
À cette étape, l’architecte du paysage préparera, en étroite collaboration avec l’architecte, les dessins suivants :
- des plans du terrain indiquant les voies de circulation véhiculaires et piétonnières;
- la disposition des surfaces et des structures inertes, ainsi que leurs dimensions et les matériaux utilisés;
- l’aménagement des zones de plantations, ainsi que les noms et l’emplacement de tout le matériel végétal proposé, existant et transplanté;
- une liste détaillée des plantes qui indique le nom botanique, le nom commun, la quantité et la taille de chacune;
- les élévations du concept qui illustrent les idées de design pour les structures architecturales;
- le plan de nivellement (en collaboration avec l’architecte et l’ingénieur civil);
- le plan de drainage (en collaboration avec l’architecte et l’ingénieur civil);
- le plan de l’éclairage du site;
- les documents de demande de permis d’aménagement (s’il y a lieu);
- des dessins et illustrations en perspective.
Autres conseils ou consultants
En plus des ingénieurs qui fournissent les services d’ingénierie de base, plusieurs autres spécialistes peuvent prendre part au projet préliminaire. Voir le chapitre 2.3 – Conseils et consultants pour une liste de certains des consultants susceptibles de participer à différents projets d’architecture.
La coordination en tant que service défini
Les clients peuvent décider de conclure eux-mêmes des contrats distincts avec les firmes d’ingénierie. Le cas échéant, l’architecte doit coordonner le travail des ingénieurs et la portée de ses services doit l’énoncer clairement pour assurer que tous les systèmes du bâtiment et du terrain soient présentés comme un tout intégré. Ces ententes directes entre le client et les ingénieurs limitent la responsabilité de l’architecte, mais elles posent également des défis liés à l’engagement de tous les membres de l’équipe de conception, car l’architecte n’a pas de contrôle contractuel sur l’équipe d’experts-conseils. L’architecte doit faire pleinement valoir l’importance de son rôle de coordonnateur des ingénieurs auprès du client.
Examens et approbations par les autorités compétentes
En principe, l’architecte a commencé dès la phase de l’esquisse à étudier le projet avec les autorités compétentes (voir le chapitre 6.2 – Esquisse et se référer au Document Six de l’IRAC); il est toutefois important de garder le contact avec celles-ci et de régler des points plus précis du projet. Les permis d’aménagement et les approbations relatives à l’aménagement du territoire sont souvent délivrés un certain temps après la phase de l’esquisse ou pendant la phase du projet préliminaire. Même s’il y a des différences entre les régions et les municipalités, la demande d’un permis de construire est généralement présentée une fois les documents du projet définitif achevés. En général, les municipalités exigent que les documents soumis pour un permis de construire soient destinés à la construction et qu’ils portent le sceau de l’architecte. Il est aussi possible que des municipalités exigent de chaque professionnel de l’équipe de conception qu’il soumette un document d’engagement avant la délivrance d’un permis complet ou provisoire. Quoi qu’il en soit, le fait de rester en contact avec les autorités tout au long des différentes phases du projet permet de les tenir informées et de répondre plus rapidement aux préoccupations qu’elles peuvent avoir.
Voir aussi le chapitre 2.4 – Réglementation du bâtiment et autorités compétentes.
Analyse du coût de construction
L’architecte ou le consultant en coûts peuvent préparer une estimation à jour du coût de construction à l’étape de la phase préliminaire. L’avancement du projet permet de préparer une estimation plus complète et plus précise. Avec des dessins plus détaillés et un devis sommaire, on peut s’attendre à ce qu’il y ait moins d’imprévus. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas. Voir le chapitre 4.2 – Planification et contrôle du coût de construction du projet pour en savoir davantage sur les estimations du coût de construction et les exigences de la phase du projet préliminaire en ce domaine.
Documentation et présentation
Les documents du projet préliminaire sont utilisés à des fins diverses par plusieurs des participants et notamment aux fins suivantes :
- examen et approbation du client;
- marketing du client et annonces dans les médias;
- étude par les autorités compétentes et des groupes de parties prenantes;
- contribution des ingénieurs ou autres conseils et consultants;
- mise à jour des estimations du coût de construction;
- préparation des documents du projet définitif.
Les documents doivent décrire adéquatement le projet et « finaliser » la conception. Pour un projet d’une certaine importance, les documents de la phase préliminaire sont de trois types :
- les dessins;
- le devis sommaire;
- le mémoire explicatif.
Il est important à ce stade du projet que l’architecte présente au client et aux parties prenantes les principaux éléments du bâtiment et de l’aménagement du site, qu’il les examine avec eux, puis qu’il obtienne l’approbation formelle et écrite du client.
Dessins
Les dessins du projet préliminaire doivent fournir une information appropriée au client, aux ingénieurs et autres consultants, ainsi qu’aux autorités compétentes, et doivent leur expliquer les principaux composants du projet. Compte tenu de la taille et de la complexité du projet et des services décrits à l’entente entre le client et l’architecte, les dessins comprendront les éléments suivants :
- le plan d’ensemble (dans certaines provinces, il faut préparer un plan d’ensemble détaillé, qui sera sujet à approbation, ou à un processus de contrôle du plan d’ensemble);
- tous les plans d’étage et toutes les élévations du bâtiment;
- les coupes du bâtiment;
- des vues isométriques non rendues pour expliquer des escaliers ou des éléments complexes difficiles à comprendre sur un dessin en 2D;
- des plans décrivant les systèmes structuraux, mécaniques et électriques (les systèmes mécaniques et électriques sont généralement présentés sous forme de diagrammes plutôt que de plans détaillés ou de coupes);
- les détails de certains éléments conceptuels caractéristiques; des détails relatifs aux matériaux employés;
- tous les plans sur des issues spéciales ou des éléments reliés aux codes qui sont nécessaires pour expliquer la conformité du projet;
- la disposition préliminaire du mobilier et de l’équipement pour s’assurer que tout est fonctionnel;
- des dessins de présentation pouvant comprendre des rendus informatisés, des tableaux de couleurs, des vues intérieures et extérieures.
Voir le Document Six de l’IRAC, Annexe A – Service, pour d’autres produits de présentation, comme des modèles 3-D, des « survols » animés, des « visites » virtuelles, etc., qui peuvent ajouter de la valeur (mais à un coût supplémentaire pour le client).
Devis sommaire
La préparation d’un devis sommaire est un volet essentiel de la phase du projet préliminaire. Ce devis décrit les matériaux et les systèmes de construction proposés en termes généraux et fournit de l’information de base sur l’apparence, les états de surface, les critères de fonctionnement et de performance, etc. Ce devis sommaire exprime l’intention et oriente les devis descriptifs qui seront élaborés à la phase ultérieure du projet définitif. Il existe des formats standards à utiliser pour la rédaction des devis, notamment la classification standard CSI/CSC UniFormat ou toute autre classification conforme (par exemple) au plan d’exécution ou au cadre d’estimation de la MDB. Ce devis sommaire comprend des sections fournies par les ingénieurs en mécanique et en électricité, les consultants en technologie de l’information et les autres conseils et consultants. (Voir le chapitre 6.4 – Documents du projet définitif - Plans et devis.)
Mémoire explicatif
Pour certains projets, il peut être utile ou requis par contrat d’étayer les principales décisions conceptuelles et les critères de conception à la fin de la phase du projet préliminaire. Cela est particulièrement vrai si les risques du projet ont été identifiés plus tôt, comme les risques reliés au budget, au calendrier, à la constructibilité ou à l’élimination des matières dangereuses. Le rapport de l’architecte doit aborder ces questions et confirmer qu’elles ont été traitées à cette phase. Ce rapport de l’architecte est qualifié de mémoire explicatif.
Le sommaire de ce mémoire doit fournir de l’information claire sur la logique de conception et la genèse des décisions de conception du projet qui donneront une référence fiable pour les décisions en aval et favoriseront la continuité.
Ce mémoire explicatif est un outil qui s’adresse aux clients et, s’il est rendu public, aux autres parties intéressées, comme les propriétaires des propriétés adjacentes, les résidents et les entreprises. Il est également utile pour mieux faire comprendre le projet à toutes les personnes qui ne seraient pas bien informées, comme :
- les employés du bureau qui n’ont pas participé au projet;
- les autorités compétentes;
- les rédacteurs d’articles pour les médias ou d’autres communications publiques;
- les institutions financières auprès desquelles le client peut chercher du financement;
- les occupants, les utilisateurs et les gestionnaires du bâtiment;
- un autre architecte qui, dans le cadre d’un consortium, serait chargé de la préparation du dossier définitif;
- les ingénieurs et autres consultants de l’équipe de projet.
Si le projet exige une longue période d’approbation ou s’il subit des retards, le mémoire sert aussi à se rappeler les raisons des décisions et des choix.
L’architecte doit déterminer avec le client quels sont les différents groupes de parties prenantes qui auront accès au mémoire explicatif. Le risque de projet est que celles qui s’opposent au projet utilisent le mémoire pour faire valoir leurs intérêts. Le contenu, y compris le texte, les illustrations, les images et les résultats des études et analyses, doit être examiné minutieusement pour garantir la communication de bonne foi d’informations précises et pour traiter des questions qui intéressent les principaux groupes de parties prenantes.
Si le projet est soumis à des fins de publication ou dans le cadre d’un concours, le mémoire explicatif peut servir de source d’images et confirmer la vision du concept (utilisé avec l’autorisation du client, selon le contrat en place).
Le mémoire explicatif comprend souvent une analyse préliminaire du projet proposé par rapport à la conformité au code du bâtiment applicable. Bien qu’optionnelle, cette analyse est recommandée, car elle fournit une base pour l’examen des documents du projet définitif. Voir l’Annexe A « Table des matières suggérée pour un mémoire explicatif » à la fin du présent chapitre.
Rapport sur la gestion du projet à la phase du projet préliminaire
Il est conseillé à l’architecte de joindre à son mémoire de chaque phase de la conception un rapport sur la gestion du projet de conception. Alors que le mémoire explicatif porte sur le « produit » du projet de conception, le rapport de gestion du projet comprend de l’information importante sur le processus. Ce rapport tient le client informé de l’avancement du projet de conception, des réussites, des défis, des travaux achevés et du travail qu’il reste à effectuer. Ce rapport doit comprendre les éléments suivants :
- la structure de répartition du travail qui montre le travail achevé, le travail en cours et le travail qui n’est pas encore commencé;
- le calendrier actualisé du projet;
- le registre des risques mis à jour;
- tout document de planification du projet mis à jour, y compris les plans de gestion des parties prenantes et des communications.
Listes de contrôle
Voir la « Liste de contrôle pour la gestion du projet d’architecture » au chapitre 5.1 – Gestion du projet de conception, qui dresse la liste des tâches de gestion à accomplir avant et pendant la phase du projet préliminaire.
Références
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SINCLAIR, Dale. Assembling a Collaborative Project Team: Practical Tools Including Multidisciplinary Schedules of Services, London, RIBA Publishing, 2014.
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